Ça y est, je passe à l’étape supérieure. J’aime notre petite famille de lecteurs telle qu’elle est, mais j’aimerais tout de même essayer de la faire grandir.
Pour cela : je lance un vrai plan de com’ dès la semaine prochaine (on va voir si je m’y tiens) et j’ouvre un compte Instagram où vous trouverez les makings off, mes découvertes quotidiennes ou mes ras-le-bol mensuels. Tous les petits coups de pouce sont la bienvenue !
Et pour célébrer ça, voici le programme du jour :
Je t’invite à participer à une initiative d’entraide.
Je te fais découvrir un artiste vidéaste que j’adore : Bill Viola.
Et surtout je lance un nouveau format “Ose” :
Une interview-narration pour comprendre quels sont les leviers et les outils qui permettent à des entrepreneurs, artistes, bénévoles, scientifiques, étudiants, etc. de bouger leur Q.
Alors, j’espère que ton café (ou ta tisane) est prêt(e) à t’accompagner à travers ces quelques lignes.
Je t’invite depuis le début à prendre du temps pour toi, pour te questionner, pour faire face à tes peurs, à tes douleurs. C’est une chose de l’écrire, c’en est une autre de le faire et encore plus de le faire seul.
Jamais je n’aurais réussi à parler de mes émotions, seule. C’est parce que j’ai été écoutée et soutenue que j’ai pu faire face, continuer, m’arrêter, reprendre. Encore aujourd’hui, et assurément, toujours demain.
Ce n’est pas si facile de trouver quelqu’un dans son entourage auprès de qui se confier. Moi, je n’osais pas, j’avais l’impression que j’allais leur rajouter une charge sur les épaules, alors je gardais tout pour moi, enfin le plus gros. Et bien sûr, ça a fini par m’écraser, pas complètement, mais presque. Puis, j’ai rencontré un groupe réunissant des personnes dédiant un certain temps quotidiennement à leur développement personnel. Chacune à sa manière, elles cherchent à mieux comprendre ce qu’il se passe en elles et partagent leurs expériences, leurs accomplissements, leurs difficultés, leurs outils avec le groupe. D’abord réticente et fermée, j’ai appris à connaître quelques-unes d’entre elles, j’ai participé à quelques ateliers. Et finalement, j’ai réussi à me confier à ces presque inconnu-e-s, à ces nouvelles connaissances. Mon cerveau rationnel a accepté de parler en faisant le cheminement suivant : si ces personnes sont là, c’est qu’elles sont prêtes à écouter, à recevoir et à partager. Je ne risque pas de les charger avec mes histoires parce qu’elles n’y sont pas reliées. Elles m’écoutent, elles me conseillent, c’est tout. Et c’est suffisant.
Comme, je l’expliquais l’autre jour : le refoulement de nos émotions est à l’origine d’un certain nombre de difficultés psychologiques. Nous autres, êtres humains, sommes des animaux sociaux (Aristote), doués de parole, nous avons besoin d’exprimer ce que l’on ressent. C’est pourquoi lorsque nous vivons un évènement marquant, nous avons besoin de le raconter à tout le monde. C’est notre moyen d’accepter et de passer à autre chose.
Enfin, tout ça pour vous proposer un espace pour exprimer ces non-dits.
Mon ami Hector a créé plusieurs petits groupes de 3 ou 4 personnes avec comme objectif de s’entraider dans notre développement personnel. J’ai moi-même rejoins un groupe où nous sommes quatre avec deux autres femmes et Hector. Et la connexion est bien passée !
L’idée est donc simple : créer des groupes de 4 participants avec des personnes s'intéressant au développement personnel et souhaitant être épaulées dans ce cheminement. Concrètement : le groupe échange en vidéo conférence une fois tous les 15 jours et partage sur la conversation WhatsApp / Messenger le reste du temps. Il n'y a pas de restriction sur les sujets abordés. Seul est demandé le respect des valeurs suivantes : la bienveillance, le non jugement, l'écoute active, le droit de retrait, l'ouverture d'esprit, l'acceptation, l'amour de soi et des autres. Un facilitateur (moi-même ou Hector, fondateur des premiers groupes) sera présent dans chaque groupe. Il ne s'agit pas d'un spécialiste ou d'un superviseur, il est sur le même pied d'égalité que chaque participant.
J’aime beaucoup ce projet et ai donc décidé de le soutenir en invitant de nouvelles personnes à s’entraider. Serais-tu partant-e ?
En face de moi, une jeune fille aux longs cheveux châtains, les paupières closent, semble dormir. Les traits de son visage sont doux. Son teint est pâle. Est-elle morte ? Je ne sais pas. Alors que de loin elle semblait figée, mes yeux perçoivent d’infimes mouvements tandis que je m’approche. Ses cheveux fins ondulent doucement au grès du rythme doux de l’eau. Son corps inerte est bercé par cette densité légère et liquide. Je reste là, concentrée, le regard fixé sur cette paisible silhouette d’ange. Je veux savoir si elle respire. Des bulles s’échappent de son nez. Mais sa poitrine ne semble pas se soulever. Soudain, un homme, grand, en baskets, passe sur mon côté droit et vient s’arrêter dans mon champ de vision. Son dos remplace le visage détendu de la jeune fille. Je reviens à la salle dans laquelle je me trouve. L’homme grand en baskets s’écarte à nouveau et s’arrête un peu plus loin devant un autre corps endormi dans les eaux. Accroché sur un mur noir. Là. En face de moi. La jeune fille continue à onduler.
Quand la vidéo devient un tableau vivant.
Bill Viola.
Bill viola est un pionner de l’art vidéo. Ses œuvres se situent au croisement entre la photographie, le tableau, la sculpture et la vidéo. Il dit lui-même qu’il “sculpte le temps”. Une prise de 45 secondes peut être projetée en 12 minutes. L’utilisation de technologies de pointe, avec la révolution du pixel, lui permet d’altérer l’image et le temps de projection autant qu’il le souhaite. Dans The Quintet of the Astonished (2000), tu peux observer le passage des émotions seconde par seconde sur les visages des protagonistes et l’évolution détaillée de la posture des corps en réponse à ces émotions. C’est impressionnant. Lorsque j’ai eu la chance de découvrir cette œuvre au Grand Palais en 2014, je ne faisais pas encore de méditation, pourtant cette décomposition des émotions a su happer mon attention pendant bien 5 minutes. 5 minutes de silence à observer. 5 minutes d’observation où mes pensées s’étaient tues. Une véritable expérience méditative en soi.
Bill Viola invite à une expérience intérieure. Il est lui-même un adepte de la méditation zen qu’il a pratiquée pendant une année avec sa femme en suivant l’enseignement du maître zen Daien Tanaka au Japon. Il souhaite nous inviter à plonger au fond de nous en arrêtant le temps. A entrer dans un monde onirique entre réalité et rêverie.
“Ce qui se trouve juste en face de nous maintenant est un monde de pure apparence. C’est seulement une surface - non la vraie réalité.”
- Bill Viola.
Son travail intègre entièrement le spectateur. Il est impossible de parcourir une de ses expositions en restant détaché, dans le rôle classique de l’observateur face au tableau. Bill t’oblige à te déplacer, à te pencher, à regarder partout en même temps, à te retourner. Tu peux te retrouver entouré-e de gigantesques écrans t’obligeant à regarder et à vivre plusieurs situations en même temps et à ressortir de la salle avec la tête qui tourne (Going Forth by Day). Ou au contraire tu peux chercher l’écran caché au fond d’un baril d’où s’échappe une lumière bleutée (The Sleepers).
Bill Viola t’invite à regarder le monde à travers un temps ralenti et par cette distorsion temporelle, il te fait voir un autre aspect de la réalité que tu n’avais peut-être pas saisi. Ses œuvres remettent en question l’usage des vidéos et des films que l’on a l’habitude de regarder. Il questionne notre rapport au passage du temps - toujours plus rapide - et par là à notre environnement.
Une rencontre peut changer une vie. J’aimerai essayer de changer la tienne.
A présent, deux fois par mois, je te raconterai l’histoire d’un Q qui bouge. Deux fois par mois, tu auras l’occasion de comprendre les leviers qui lui a donné, à ce Q, l’énergie de se mettre en mouvement. Deux fois par mois, tu auras l’occasion d’être inspiré-e. Je l’espère.
Et si tu l’es et que tu n’as qu’une envie : toi aussi échanger avec lui. Un cercle de discussion en ligne sera organisé quelques jours après avoir reçu ce mail (si la personne est disponible bien sûr).
Alors, partant-e ?
Aujourd’hui, c’est Guillaume, 23 ans, un énorme sourire et des yeux pétillants, qui s’est mis en mouvement. Alors qu’il termine ses études à Science Po Paris et un cycle de deux ans de théâtre au conservatoire du 9e arrondissement, il décide de troquer le bois de la scène pour celui du pont d’un navire.
“Il y avait ce rêve au fond de moi, j’avais toujours aimé faire de la voile, faire du bateau, le nombre de bouquins de pirates que j’ai lu quand j’étais petit … et là un trois-mâts … le truc dont j’avais toujours rêvé, sans en rêver vraiment, apparaissait. Je suis parti.”
Parti oui, traverser l’Atlantique. France, Espagne, Canaries, Cap-Vert, Martinique. Un mois et demi à bord du Rara Avis, le trois-mâts de l’association les Amis du Jeudi Dimanche. Guillaume a embarqué avec un équipage coloré. Ex-toxicomanes, retraités, enfants, baroudeurs. 36 personnes qui l’ont fait grandir avec leurs 36 regards différents sur le monde.
Un mois et demi sur un bateau, ce n’est pas rien. J’ai voulu comprendre ce qui lui avait fait sauter le pas.
Cet appel du voyage suivait Guillaume depuis longtemps. Et avec la fin de ses études, cette envie était devenue un désir prégnant. Mais il ne voulait pas voyager pour voyager, il voulait voyager pour donner. Rendre ce qu’il avait reçu toute sa vie. Il souhaitait partir avec les Missions Étrangères de Paris. Une congrégation de prêtres missionnaires qui proposent à des jeunes de partir pour des missions allant de 2 mois à 2 ans en Asie. Et finalement c’est une amie qui l’a décidé. Elle parlait de partir vivre à l’étranger. C’est le déclic. L’après-midi même il avait envoyé sa candidature. Puis après quelques entretiens, il est pris pour partir à Manille aux Philippines dans un centre aidant les jeunes à trouver du travail.
“Mais c’était vraiment trop sur un coup de tête. Il y avait plein de raisons personnelles qui faisaient que je voulais partir et au final tout l’été je me suis dit “mais qu’est-ce qui m’a pris”. Mais bon une fois lancé … J’avais déjà pris les billets, j’avais déjà contacté l’association donc je me suis dit “bon bah il faut que j’y aille”. Et c’est là que … Bon je suis désolé, mais c’est une année riche pour ma foi, donc je vais beaucoup en parler … enfin je considère que Dieu a beaucoup fait dans ma vie cette année. Si ça ne te dérange pas, j’en parle comme ça, parce que je ne peux pas ne pas en parler.”
Guillaume me confie alors l’évènement qui a bousculé son année.
“Juste avant de partir pour les Philippines, une semaine avant le départ, il y avait le mariage de mon cousin à Poitiers. Et quand il est sorti sur le perron de l’église avec sa femme, j’ai crié trois fois “Ouh !” : une première fois ça m’a fait mal, une deuxième fois, puis une troisième fois et la CLAC !, ça m’a fait très mal. En gros, j’ai un pneumothorax, c’est une petite fissure dans le poumon, une petite ouverture qui fait que l’air s’échappe du poumon et vient se coller entre la paroi et la cage thoracique et ça vient compresser le poumon. C’est pas un truc vraiment très grave, parce que ça se soigne très bien et ça arrive souvent aux personnes de ma corpulence, grand et fin. Et en gros normalement en 3 jours c’est résorbé, mais trois semaines après tu peux en avoir un nouveau et c’est qu’au bout du troisième qu’on t’opère. Mais moi au bout de trois jours ça ne s’est pas résorbé, donc je suis resté 3 semaines à l’hôpital et ils m’ont opéré. Donc ça a été un peu plus lourd, je ne pouvais plus prendre l’avion pendant quelques mois. Là je me suis dit “amen”, c’était pas ça qu’il fallait que je fasse (rire), fallait pas que je parte.”
Cette maladie le met face à un vide. “Qu’est-ce que je vais faire, j’ai pas envie de me lancer dans la vie active tout de suite et en même temps j’ai envie de voyager, j’ai envie de faire quelque chose de cette année, j’ai pas envie que ce soit une année blanche”. Guillaume se retrouve pour la première fois face à lui-même, coincé d’abord dans son lit d’hôpital, puis dans son appartement parisien, obligé d’être au repos. Il m’explique que cette maladie l’a cassé dans son élan. Alors qu’il a toujours plein de projets en tête, là pour la première fois, il n’en n’a plus aucun, plus aucune idée, plus aucune envie. “J’étais vraiment paumé de chez paumé.”
Finalement, ce temps de pause. Ce blanc. Ce moment calme. Lui apporte beaucoup. Il ne se laisse pas emporter par le flot de l’incertitude. “J’ai beaucoup aimé mon séjour à l’hôpital (rire). Ça a été une des plus belles épreuves de ma vie.”
Pour la première fois, il ne peut être là pour les autres. “Je devais penser à moi. Je ne pouvais pas aider les autres, avant de m’aider moi-même.”
Je lui demande alors ce qui lui a permis de ne pas sombrer. Il me raconte.
C’est d’abord grâce à une amie. Elle lui conseille de prendre un moment pour prier chaque jour. Alors, quotidiennement pendant une heure, Guillaume apporte ses questionnements à l’église. Ce temps de prière, il peut être interprété comme un moment méditatif, un moment d’introspection. Un moment où Guillaume pouvait exprimer ses émotions et ses doutes : “On m’a dit, si jamais tu es en colère, tu as le droit de crier. Du coup dans ma prière, il y avait ce cri “Mais qu’est-ce que je dois faire ?””. Puis, il décide d’aller à la messe tous les jours, au lieu d’une fois de temps en temps. “J’y allais avec des pieds de plombs et à chaque fois il y avait un truc qui faisait que j’étais content d’être venu.” Ces réunions lui permettent de rencontrer de nouvelles personnes, toujours prêtes à lui offrir de précieux conseils. Ces moments d’introspection et de socialisation, le sortent de ses doutes et de ses peurs et le guident dans son questionnement.
En parallèle, il cherche, il fouille, il creuse. Il rappelle son professeur du conservatoire, alors qu’il avait décidé de ne plus y retourner. Mais plus de places. Il explore la possibilité de faire une école de clown, le Samovar. Puis finalement, c’est une question de cette même amie qui l’inspire : “l’année dernière tu parlais de partir faire du bateau, non ?”. Le bateau. La voile. La mer. Son cerveau le ramène une année plus tôt, lors d’un stage où il avait eu l’opportunité d’interviewer la navigatrice Capucine Trochet. Cette journaliste de sport avait tout lâché pour partir voyager sur son voilier. Pendant son récit, elle lui parle d’une rencontre avec l’équipage du navire Bel Espoir. Guillaume est intrigué et va faire un tour sur le site de l’association. Le temps passe et l’information reste dans un coin de sa tête. Jusqu’à ce qu’elle refasse surface au moment opportun.
Le projet de transatlantique en tête, il tâtonne encore un peu. Lors d’une prière, il écrit dans son carnet “A qui demander de l’aide ?” et en réponse à cette question, il se rend chez un de ses proches amis. Celui-ci s’enthousiasme pour cette croisière, puis il lui demande “Mais est-ce que tu n’aimerais pas ajouter en plus de ce voyage, un projet qui te tient à cœur ?”, et il lui rappelle cette carte postale sonore que Guillaume lui avait envoyé de Lourdes. C’est la dernière pierre de l’édifice, la cerise sur le gâteau, le coulis de fruit rouge sur la glace à la vanille. Guillaume sait. A présent il est sûr, il va partir et faire un podcast pour partager son expérience. “S’il ne me l’avait pas dit, je n’aurais jamais fait ça”.
Finalement cette expérience restera à jamais un point de repère pour Guillaume. “Toute ma vie je vais me dire … même si je suis dans un job qui me déplait, que ma vie n’a plus de sens, que je suis abandonné par tout le monde, je me dirais : ce voyage en bateau c’était magnifique. C’est un point de repère dans ma vie, un truc positif sur lequel je pourrai toujours m’appuyer, peu importe si ça va mal.”
Pour résumer, Guillaume a réussi à bouger son Q car il a :
Respiré : Il a profité de la maladie pour réfléchir, mieux comprendre ce qu’il aime et qui il est. Pour cela il avait plusieurs outils : la prière, l’écriture, les activités manuelles et artistiques (tempera, dessin, montages audios), la marche sur les quais de Seine, le repos.
Découvert : C’est parce qu’il a fait un stage durant lequel il a discuté avec Capucine Trochet qu’il a pu connaître l’association Amis de Jeudi Dimanche.
Osé : Il voulait voyager et redonner et il a tout fait pour. D’abord en candidatant pour partir avec les Missions Étrangères de Paris, puis en demandant à participer à la croisière sur le Rara Avis. C’est aussi parce qu’il a demandé de l’aide à son ami que celui-ci lui a soufflé l’idée de faire un podcast pour partager son expérience. Et c’est encore une fois parce qu’il ose, que tu peux savourer un moment en mer chaque vendredi à travers ses 5 épisodes relatant son voyage sur fond d’embruns et de “larguer les amarres !”.
Des choses pour se bouger en ce moment :
Travailler pour Lumia et s’échapper de Paris.
Devenir le-la nouveau-elle coordinateur-rice de projet pour le Parlement Européen des jeunes.
Faire un service civique pour Starting Block : ici, ici, par là, ici ou encore là.
Révolutionner l’orientation des jeunes avec Impala.
A très vite,
Anne.
Ps. Si ma plume t’a séduit-e, tu peux continuer à la suivre ici. Si tu veux découvrir les coulisses c’est là. Ou si tu préfères les textes de 140 caractères, c’est par là-bas.
Pps. N’hésite pas à faire suivre ce petit mail !